Oser affronter les défis de notre temps

Pour produire des résultats concrets, nous devons partir de la réalité du moment, si amère soit-elle. La Prévoyance vieillesse 2020, aborde les nouveaux défis de notre temps en renforçant notamment la solidarité par les améliorations qu’elle apporte dans l’AVS. Si le projet reste un compromis, il demeure nécessaire d’aller de l’avant en gardant à l’esprit des objectifs sur le long terme.

Le dossier de la prévoyance est certainement l’un des enjeux majeurs que notre génération a à aborder.

Agir aujourd’hui

En premier lieu, chacune et chacun devrait se souvenir que, sur cette question comme sur toutes, il n’existe pas d’option qui produise des résultats concrets sans partir de la réalité du moment, que celle-ci plaise ou non. Et de ce point de vue, ni l’augmentation de l’espérance de vie, ni le vieillissement progressif de notre population ou l’affaiblissement qui en découle du rapport entre actifs et retraités, ni encore la baisse des taux d’intérêts ne peuvent être contestés. Ils constituent des défis nouveaux et leur accumulation touche à la fois le premier et le second pilier, alourdissant de façon extrêmement conséquente l’enjeu pour notre système de prévoyance.

Dans ce contexte, ne rien faire conduirait à affaiblir, d’abord financièrement, puis politiquement, tout l’édifice de la prévoyance bâti depuis des décennies et constituant l’un des ciments sociaux de notre pays. Certains y songent naturellement, considérant que la prévoyance peut être davantage laissée à la responsabilité individuelle, admettant ainsi implicitement qu’elle pourrait se concevoir à géométrie beaucoup plus variable entre les plus aisés et les plus fragiles d’entre nous et sous-entendant également qu’elle pourrait représenter de juteux marchés pour la branche de la finance et de l’assurance. Admettre aujourd’hui le principe d’une réforme de notre système de prévoyance est donc nécessaire et revient à s’engager en faveur d’une consolidation de ce ciment social.

Renforcer la solidarité 

En second lieu, la gauche doit avoir à cœur de concrétiser l’une de leurs plus anciennes revendications. Tout en confirmant la complémentarité entre premier (AVS) et second (LPP) pilier, la réforme qui nous est proposée renforce le premier, c’est-à-dire celui qui, de la façon la plus égalitaire, offre un socle de prévoyance pour toutes et tous et celui qui est construit sur le principe de solidarité entre les générations. Ce renforcement de l’AVS, c’est notamment la consolidation financière par une augmentation modeste des cotisations (0,3 %), par l’attribution à l’AVS de 0,17 point de TVA aujourd’hui réservé au budget général de la Confédération et par le relèvement progressif de 0,6 point nouveau de TVA en faveur de ce premier pilier.

Au total, plus de 4 milliards de francs par an viendront ainsi consolider le principal pilier de nos assurances sociales. Cela permettra notamment de relever de 70.-/mois les nouvelles rentes des personnes seules et de 150 à 155% d’une rente simple le montant plafond des rentes de couple. Un premier pilier plus solide, des prestations consolidées pour une vingtaine d’années au moins dans le volet le plus égalitaire de la prévoyance et l’affirmation que le défi financier de la prévoyance ne peut se résoudre principalement par l’abaissement des prestations : voilà l’option politique que nous devons voir dans le choix qu’a fait le Parlement et que nous sommes appelés à ratifier.

Aller de l’avant

Certes, deux éléments en particulier de cette réforme sont douloureux, et surtout difficiles à admettre pour le Parti socialiste qui s’y est toujours opposé : l’égalisation progressive de l’âge de la retraite des femmes et des hommes à 65 ans alors que l’égalité n’est pas encore réalisée dans le monde professionnel et l’abaissement du taux de conversion de 6,8  à 6 %. A ce sujet, retenons trois questions :

  • les mesures de renforcement de la couverture des personnes travaillant à temps partiel, des moins bien rémunérés ainsi que les mesures de flexibilisation de l’âge de la retraite ne vont-elles pas dans le bon sens en offrant une part de compensation à ces désagréments, en maintenant la possibilité de partir à 64 ans avec une rente proche du niveau actuellement en vigueur ou encore en offrant des possibilités accrues de départ en retraite dès 62 ans pour celles et ceux qui, avec l’âge, peinent à trouver leur place sur le marché du travail ?
  • en cas de rejet de la réforme qui nous est proposée (rejet qui n’apportera aucune amélioration concrète dans l’égalité professionnelle entre femmes et hommes), une autre réforme nous permettra-t-elle d’échapper à ces deux mesures ?
  • une autre réforme de la prévoyance dans notre pays ne risque-t-elle pas au contraire de faire réapparaître le spectre d’une retraite à 66, 67 ou 68 ans, respectivement d’un affaiblissement de l’AVS ?

Être conséquent

Enfin, et pour conclure, il n’est pas inutile de se demander sur quelle majorité l’on imagine pouvoir compter au Parlement pour renforcer, davantage que cela est proposé ici, le premier pilier de notre prévoyance, le plus juste, le plus solidaire et celui pour lequel le PS s’est toujours engagé ?

Pour conclure, formons le vœu qu’une fois encore, notre Parti saura affirmer que, lorsque le contexte change, nos combats trouvent de meilleures issues dans la réforme que dans la conservation.

Laurent Kurth, Conseiller d’État (NE)

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