Oui à une réforme équilibrée
La réforme des retraites sur laquelle nous voterons le 24 septembre représente indéniablement une chance à ne pas manquer. Après 20 ans de blocage, nous avons enfin une réforme équilibrée qui non seulement pérennise notre système de retraites mais qui en plus maintient globalement le niveau des rentes. Rarement une réforme aura été aussi favorable aux revenus relativement modestes et aux familles : l’augmentation des rentes AVS de 840 francs par an et allant jusqu’à 2700 francs par an pour les couples est en effet loin d’être négligeable. J’aimerais revenir sur quelques autres points qui me semblent essentiels dans ce projet et me poussent à le soutenir.
Il est évident qu’on ne peut faire l’impasse du relèvement de l’âge de la retraite. Mais en fin de compte, les femmes tirent aussi leur épingle du jeu. Tout d’abord, rien ne change pour toutes les femmes qui gagnent moins de 40 000 francs par an : grâce au supplément AVS et aux améliorations dans les retraites anticipées, elles peuvent continuer à partir à la retraite à 64 ans sans rien perdre par rapport à aujourd’hui. Première compensation. Ensuite, les femmes qui travaillent à temps partiel, actuellement discriminées dans le 2e pilier, seront mieux couvertes et pourront se constituer de meilleures retraites. Une femme de 39 ans élevant seule son enfant et gagnant 35 000 francs par an verra par exemple sa retraite augmenter de 300 francs par mois, supplément AVS et augmentation de rente LPP cumulés. Deuxième compensation qui de plus va dans le sens de l’égalité. C’est d’ailleurs ce qui a convaincu beaucoup d’organisations féminines, dont les Femmes du PS. Car un Non à la réforme ne fera pas avancer d’un millimètre l’égalité salariale. Et enfin, toutes les femmes qui n’ont pas du tout de 2e pilier auront un bénéfice net avec les 70 francs ou l’augmentation pour les rentes de couple. Troisième compensation.
J’aimerais encore revenir sur une amélioration dont on ne parle pas suffisamment mais qui représente une avancée importante dans une région comme la nôtre pour les travailleurs âgés. Actuellement, s’ils perdent leur emploi, ils sont exclus de leur caisse de pension. Et s’ils ne retrouvent plus d’emploi et arrivent en fin de droit au chômage, l’aide sociale va les obliger à retirer leur capital du 2e pilier pour subvenir à leurs besoins, selon le principe de subsidiarité. Quand ils peuvent prendre leur retraite, leur capital a fondu et ils doivent demander des prestations complémentaires. Prévoyance vieillesse 2020 (PV2020) met fin à cette situation indigne : les chômeurs âgés restent affiliés à leur dernière caisse de pension, à partir de 58 ans, et peuvent bénéficier de l’entier de leurs rentes une fois à la retraite. D’ailleurs, n’oublions pas que le coût des prestations complémentaires est aussi pris en charge par les communes et que ces contributions explosent. Cela n’ira pas en s’améliorant et prie encore sans cette réforme. Ainsi grâce à PV2020 on tentera de ne pas mettre encore plus à contribution les communes, question de responsabilité.
Je suis aussi persuadé que l’occasion de consolider notre système de retraite à un tarif aussi modeste ne se représentera pas de si tôt. Car on ne peut nier l’arrivée massive à la retraite de la génération des baby-boomers. Ajouté aux taux d’intérêt bas dans le 2e pilier, l’équation est claire : il faut stabiliser financièrement le système. L’AVS a donc absolument besoin du milliard de TVA actuellement attribué à l’AI. Il serait stupide de perdre une telle somme qui de surcroît ne nous coûtera pas un centime de plus. Quant à la hausse de la TVA de 0,3% à partir de 2021, c’est le modeste prix à payer pour éviter que tout le monde ne doivent travailler au-delà de 65 ans et pour que les prestations actuelles ne soient pas réduites. Car il est toujours dangereux de laisser couler une assurance sociale dans les chiffres rouges : les coupes drastiques dans les prestations ont plus de chance de passer.
Or, on connaît l’alternative de la droite, toujours majoritaire dans ce pays. Leur fameux plan « B » se résume à augmenter pour tous(!) l’âge de la retraite à 67 ans et à baisser le taux de conversion dans le 2e pilier, mais sans compensation sociale. Leur solution miracle ? Compenser la baisse du taux de conversion en cotisant à partir du premier centime gagné ! Une solution qui coûterait extrêmement cher aux petits revenus et aux personnes qui travaillent à temps partiel, ainsi qu’aux entreprises d’ailleurs.
Par contre, la solution que propose Prévoyance vieillesse 2020, en augmentant les rentes AVS est sociale et bénéficient particulièrement aux petits revenus et aux femmes qui retirent plus de rentes qu’elles ne cotisent. C’est donc dans un souci d’équilibre, d’avenir et de prise de responsabilité envers nos futurs retraités, les communes et l’économie qu’il est pertinent d’accepter cette réforme qui tient résolument compte de la réalité sociale et professionnelle dans laquelle nous évoluons actuellement.
Julien Loichat, conseiller municipal en charge de la Sécurité, dont la Sécurité sociale et les Séniors, Porrentruy