Réforme des retraites : un juste compromis

La prévoyance vieillesse est l’institution sociale la plus importante de Suisse. Sa stabilité financière est aujourd’hui menacée en raison de l’arrivée à l’âge de la retraite des générations à forte natalité, de l’augmentation de l’espérance de vie et du niveau extrêmement bas des taux d’intérêt sur les placements.

Les débats au parlement étaient complexes et le projet que nous avons voté en mars à Berne a été arraché à la droite dans un contexte peu favorable. Le projet de réforme a été adopté de justesse. Rien n’est joué. Les modifications prévues sont le fruit de subtiles pesées d’intérêts: retraite à 65 ans pour tous, baisse de la rente du deuxième pilier, bonus pour l’AVS, hausse des cotisations et augmentation de la TVA. Ce fragile mikado a failli échouer au parlement. Il est combattu par un référendum lancé par les syndicats lémaniques.

Des sacrifices nécessaires

Oui, il s’agit d’un compromis, jusque dans les détails. Pour la première fois, des mesures sont prévues simultanément et de manière globale dans les premier et deuxième piliers. Le but est d’assurer la stabilité financière du système de prévoyance vieillesse tout en maintenant le niveau des rentes. La réforme est composée de deux projets: la modification de la loi et l’arrêté fédéral sur le financement additionnel de l’AVS par le biais de la taxe sur la valeur ajoutée. L’arrêté fédéral et la loi sont étroitement liés: tant l’arrêté que la loi ne peuvent entrer en vigueur que si l’autre objet est aussi accepté. La double majorité du peuple et des cantons est nécessaire pour un oui.

On ne peut pas cacher que la réforme passe par des sacrifices. On pense notamment à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Et l’égalité salariale n’est de loin pas concrétisée. Parmi les vrais avantages de cette réforme, les nouvelles rentes seront augmentées pour la première fois depuis des décennies. Soulignons par ailleurs la stabilité du financement de nos assurances sociales pour l’avenir. Car notre société continue à vieillir. Il n’y a pas de plan B et nous ne pouvons pas nous permettre de renvoyer à plus tard l’ensemble du projet ou, pire, de l’enterrer. Nous devons résoudre les problèmes maintenant, parce qu’il est encore possible de prévoir des périodes de transition supportables sur le plan social. Si la Prévoyance vieillesse 2020 est un échec, il faudra un jour ou l’autre réviser au forceps la politique sociale. Cela pourrait déboucher sur des réductions douloureuses de prestations.

Solidarité en jeu

La prévoyance vieillesse est au cœur de notre système de protection sociale. Les revenus de substitution qu’elle garantit sont un élément essentiel de solidarité: entre les personnes actives et les rentiers et rentières d’une part, entre les employeurs et les employé-e-s d’autre part. Soutenons le projet afin d’assurer la protection financière des générations à venir.

Manuel Tornare, conseiller national

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