Prévoyance 2020 : oui à un compromis dans l’intérêt de tous
Prévoyance 2020 : oui à un compromis dans l’intérêt de tous
Dans le système suisse de la prévoyance vieillesse, les prestations de l’AVS (1e pilier) et de la prévoyance professionnelle (2e pilier, LPP) doivent permettre de maintenir de façon appropriée le niveau de vie antérieur à la retraite. Cet objectif est considéré comme atteint lorsque les rentes touchées correspondent à environ 60 % du dernier salaire brut.
Or, l’équilibre de ce système est menacé à la fois par l’évolution démographique, l’augmentation de l’espérance de vie et par la faiblesse des rendements financiers.
Depuis 2014, les comptes AVS enregistrent des déficits. Sans réforme, le déficit pourrait atteindre 7 milliards de francs en 2030. Le 2e pilier se trouve également en difficulté. Actuellement, les jeunes et les actifs assurés financent en effet partiellement les rentes versées aux retraités, et ce à hauteur de 1.3 milliard de francs par an.
Une réforme de ces deux piliers est donc nécessaire. Il s’agit de maintenir le niveau des rentes et d’en assurer le financement à l’horizon 2030.
Pour équilibrer les comptes de l’AVS, celle-ci recevra 0.6 point de TVA supplémentaire et l’âge de la retraite des femmes sera relevé progressivement de 64 à 65 ans. Dans la prévoyance professionnelle obligatoire (qui concerne les revenus annuels de 21’150 CHF à 84’600 CHF), le taux de conversion minimal sera abaissé progressivement de 6.8 % à 6 %, ce qui permettra de réduire de 63 % le financement croisé des jeunes et des actifs vers les rentiers.
L’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes d’une année interpelle. Relevons que le moment du départ à la retraite pourra être choisi librement entre 62 et 70 ans. Et cette année supplémentaire de cotisations au 2e pilier améliorera tout de même leur rente vieillesse.
Des mesures positives
Pour maintenir globalement le niveau des rentes, diverses mesures compensatoires sont prévues aussi bien dans l’AVS que dans le 2e pilier obligatoire. Ces différentes mesures profiteront particulièrement aux personnes qui travaillent à temps partiel (58 % des femmes), aux personnes ayant de bas revenus et à celles travaillant chez plusieurs employeurs.
Dans l’AVS, un supplément de 70 CHF/mois pour une rente entière sera ajouté aux nouvelles rentes AVS. De plus, le plafond de la rente AVS pour les couples mariés (150 % de la rente AVS maximale) sera porté à 155 % de la rente AVS maximale, soit un supplément de 226 CHF/mois. Ces deux mesures seront financées par une augmentation de 0.3% du taux de cotisation à l’AVS à partir de 2021. C’est important pour les 500 000 femmes actives (près d’une femme sur quatre) qui ne sont pas assurées dans le 2e pilier. Par ailleurs, près de la moitié des femmes pourront continuer de prendre une retraite (anticipée) à 64 ans, sans subir de baisse de rente AVS par rapport à celle qu’elles perçoivent aujourd’hui.
Dans le 2e pilier, une part plus importante du salaire sera assurée, ce qui améliorera la prévoyance professionnelle des salaires compris entre 21’150 CHF et 52’875 CHF (55 % des femmes et 70 % des personnes travaillant à temps partiel ayant un salaire annuel inférieur à 55’000 CHF).
Une réforme équilibrée
Tout bien pesé, cette réforme complexe est le résultat d’un compromis équilibré et solidaire. Le principe du compromis, c’est aussi accepter des mesures qui déplaisent.
Certes, comme toute réforme, elle a un coût, mais il faut avoir à l’esprit qu’elle permet globalement d’améliorer les rentes des femmes, des familles à faible revenu et des personnes qui travaillent à temps partiel. Elle permettra également aux jeunes de remédier en grande partie au transfert d’une partie de leurs avoirs dans le 2e pilier pour financer les rentes des retraités.
Les principaux opposants sont favorables à une majorité des propositions faites dans le cadre de ce compromis, mais ne veulent pas de mesures compensatoires dans le 1e pilier. Et pour faire valoir leurs arguments, ils n’hésitent pas à tenter de monter les générations les unes contre les autres !
Si cette réforme échoue devant la majorité du peuple et des cantons, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier. Les difficultés rencontrées lors de cette législature pour aboutir à un compromis incitent cependant à penser qu’il faudra de nombreuses années pour éventuellement s’entendre sur une nouvelle réforme, puis pour en convaincre la population suisse. Et pendant tout ce temps, les nuages continueront à s’accumuler sur les finances et mettront sous pression les prestations de notre système de la prévoyance vieillesse.
C’est pourquoi nous vous invitons à soutenir les deux textes concernant la Prévoyance 2020 le 24 septembre prochain.
Nous vous invitons également à voter oui à l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire.
Pierre-Alain Fridez, conseiller national (PS)
Jean-Paul Gschwind, conseiller national (PDC)
Claude Hêche, conseiller aux États (PS)
Anne Seydoux-Christe, conseillère aux États (PDC)